Lecture analytique : « Le nègre de Surinam », Candide de Voltaire

Candide est un conte philosophique, tout d'abord un « conte » car c'est un récit imaginaire et que certains éléments de l'intrigue sont invraisemblables et merveilleux, et « philosophique » parce qu'il propose des sujets de réflexions sérieux en relation avec la réalité et s'interroge notamment sur l'origine du mal.
De l'Allemagne à la Turquie en passant par le Portugal et le Nouveau Monde (= l'Amérique), Candide ne croise que malheurs et désolation sur sa route. Dans le chapitre 19 accompagné de son valet Cacambo, il s’apprête à entrer dans Surinam, capitale de la Guyane Hollandaise. C'est alors qu'il va être confronté à la réalité de l'esclavage. Lecture !
Il s'agira de voir ce que dénonce Voltaire et par quels moyens. Nous nous intéresserons dans un premier temps aux différents objets de la critique, puis, nous étudierons les moyens mis en œuvre par l'auteur pour susciter la pitié et l'indignation du lecteur.

I – L'objet de la dénonciation
1 ) Une critique de l'esclavage
La rencontre de l'esclave de Surinam permet à Voltaire de présenter les conditions dans lesquelles vivaient ceux que l'on appelait communément les « nègres ». Le portrait met l'accent sur :
* La dégradation physique : Ce qui ressort c'est l'état de pauvreté et de souffrance de l'esclave → A moitié dénudé, victime de mutilation ( double amputation ) : Les châtiments corporels étaient courant si les esclaves essayaient de s'enfuir des plantations. Le code noir promulgué en 1685 par Louis XIV prévoit ce type de sanction.
« Quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe » → Lorsqu'un esclave avait un accident au travail on l'amputait pour éviter tout risque de gangrène et d'infection. - Autre allusion au code noir : Obligation de fournir un habit de toile deux fois par an.
* La dégradation sur le plan social : Privation d'identité, de statut social, pas de nom → Nommé « le nègre ».
* La dégradation sur le plan