Lecture analytique "Le bateau ivre" de Rimbaud
Rimbaud rejoint, en septembre 1871, Verlaine à Paris avec ce long poème, le "Bateau ivre", qu'il va réciter au cénacle parnassien. Le poème est écrit à la première personne, le pronom personnel "je" désignant tant le bateau que Rimbaud. Le voyage est une longue métaphore de l'entreprise rimbaldienne en 25 quatrains d'alexandrins à rimes croisées. " Le Bateau ivre" est à la fois l'odyssée d'un bateau et d'un poète adolescent à la dérive. On y trouve des superpositions entre une situation dramatique "maritime" et les exploits, les échecs de l'adolescent entré en poésie.
Nous étudierons d’abord le départ du navire, puis son contact avec la mer, avant de nous intéresser à l’expérience du poète.
Le départ du navire
Dans le poème, toutes les expériences du bateau ivre sont celles de Rimbaud. Par un jeu constant de métaphores entre le poète et le bateau, on assiste à la première séparation: pour le navire, l'éloignement des "haleurs" (v. 2) qui représentent les liens, les guides et pour le poète les traditions et les entraves. Les "Fleuves impassibles" (v.1) représentent cette société immobile, étrangère à ses élans poétiques. Dans le vers 3, la violence de la séparation, rendue par l'image du massacre des haleurs, est ici renforcée par l’assonance en "i" associée à de brutales ivresses. Les alexandrins, sans pauses fortes, rendent compte de l'impatience du poète pour sa nouvelle aventure loin de la société commerciale, source de toutes les aliénations de l'individu. Le vers 8 "Les fleuves m'ont laissé descendre où je voulais" traduit sa rébellion d'adolescent, son désir d’autonomie, mais l'ambiguïté du verbe "descendre", que l'on pourrait associer au fil de l'eau, traduit une descente en enfer.
La suite du poème marque un contact étroit avec la mer.
Le contact avec la mer
Dans le troisième quatrain, le "Moi" qui éclate au début du vers 9 affirme le dynamisme et l'énergie du poète dans son projet. Au givre immobile de l'hiver qui paralyse et traduit