LECTURE CRITIQUE
Etudier les Euvres de façon biographique, dans un processus qui tend à confondre le je de l’auteure avec le je énonciatif du texte, le je réel et le je textuel, est une approche critique du texte littéraire dont la paternité première revient à Sainte-Beuve, fondateur, au XIXème siècle, d’une critique dont la caractéristique principale est la reformulation d’anecdotes de la vie de l’auteur-e- en guise d’explication d’un texte. Cette théorie a « pris de plein fouet » le Contre Sainte-Beuve de Marcel Proust « et la vague structuraliste» 320 il n’en demeure pas moins que la critique biographique perdure, notamment pour l’étude d’œuvres écrites par des femmes. Peut-être n’est-il pas ce « critique scolaire qu’on a dit – et scolaire selon d’anciennes normes –, totalement dévoué à la sacro-sainte biographie, s’empêtrant dans “l’homme”, ses relations mondaines et ses maîtresses, plutôt que d’affronter la difficile explication des œuvres ». La méthode biographique – « C’est là que je vise : ainsi j’observe les mœurs de mon sujet » 321 , nous dit Sainte-Beuve – devrait être devenue pour nous une « exigence un peu désuète, qu’on abandonne volontiers aux notices des manuels ou aux tâcherons de la biographie romancée » 322 . Sainte-Beuve pense que « la personne de l’écrivain, son organisation tout entière s’engage et s’accuse elle-même jusque dans ses œuvres ; il ne les écrit pas seulement avec sa pure pensée, mais avec son sang et ses muscles. La physiologie et l’hygiène d’un écrivain sont devenues un des chapitres indispensables dans l’analyse qu’on fait de son talent » 323 . La méthode de Sainte-Beuve est le préalable nécessaire à la théorisation par Béatrice Didier de l’ «écriture-femme » (terme qu’elle emploie pour éviter de parler d’«écriture féminine »), car ce système biographique est presque systématiquement utilisé pour étudier les productions de femmes.
Sainte-Beuve définit lui-même sa méthode : « En fait de critique et d’histoire