Les animaux blanc
Ode à Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose..
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu, ceste vesprée,
Les plis de sa robe pourprée.
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las, las, ses beautez laissé cheoir !
O vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Pierre de RONSARD
Les Amours de Marie
Je vous envoie un bouquet..
Je vous envoie un bouquet que ma mainVient de trier de ces fleurs épanies;Qui ne les eût à ce vêpre cueilliesChutes à terre elles fussent demain.Cela vous soit un exemple certainQue vos beautés bien qu'elles soient fleuriesEn peu de temps cherront toutes flétriesEt comme fleurs périront tout demain.Le temps s'en va, le temps s'en va, ma Dame,Las ! le temps non, mais nous, nous en allons,Et tôt serons étendus sous la lame ;Et des amours desquelles nous parlons,Quand serons morts, n'en sera plus nouvelle;Pour ce, aimez-moi cependant qu'êtes belle.
Pierre de RONSARD
Sonnets pour Hélène
Quand vous serez bien vielle
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant : Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, Déjà sous le labeur à demi sommeillant, Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant, Bénissant votre nom de louange immortelle. Je serai sous la terre et fantôme sans os : Par les ombres myrteux je prendrai mon repos : Vous serez au foyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour et votre fier dédain. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dés