Les Barons De Nabil Ben Yadir Les Grignoux
Le film de Nabil Ben Yadir, Les Barons met en scène des personnages qui appartiennent à une minorité victime de nombreux préjugés : les « maroxellois »[1], un néologisme créé pour désigner les jeunes bruxellois d'origine maghrébine. Ayant lui-même grandi à Molenbeek, quartier périphérique où s'ancre la vie des Barons, le réalisateur Nabil Ben Yadir choisit pour en parler de s'écarter délibérément des canons réalistes et de dépeindre le quotidien de ces jeunes en recourant à l'humour et à l'autodérision, par le biais d'un important travail sur les clichés. Par ailleurs, toujours dans cette même perspective de prendre ses distances avec la réalité, Nabil Ben Yadir recourt à divers procédés dont le but est de rappeler constamment au spectateur qu'il se trouve plongé non pas dans une sorte docu-fiction mais bien dans une comédie qui s'assume comme telle. Ce style inattendu pour traiter la thématique des quartiers de banlieue fait par conséquent des Barons un film original, qui s'inscrit en faux contre l'image dramatisée construite par les médias ou même par le cinéma à travers des films comme La Haine, du réalisateur français Mathieu Kassovitz.
Ce sont donc principalement les moyens utilisés pour transformer cette image fondée sur le fait divers que nous suggérons d'examiner avec les spectateurs (jeunes ou moins jeunes) au travers des activités proposées ici. Elles sont conçues pour être menées avec des petits groupes de spectateurs (entre dix et vingt personnes). Deux questions guideront cette approche : d'une part, que fait Ben Yadir avec tous ces clichés ? Et d'autre part, quels procédés utilise-t-il pour « casser » les effets de réel ? Pour terminer, un retour sur la réalité sera l'occasion de réfléchir à l'intention générale du réalisateur : comment interpréter cette comédie ? quel est le sujet profond du film ? quelles motivations, quel projet se trouvent à la base de cette représentation ?
2. L'autodérision en guise d'approche
Le jeu sur les