Les chantiers navals
1 - Les conditions de rémunération des ouvriers des chantiers en 1835
Les chantiers de nos constructeurs sont situés au bas de la Fosse, où ils occupent un espace considérable. Le nombre des ouvriers qu’ils emploient varie suivant les besoins de la navigation. Ces ouvriers sont payés à la journée ou au marché. Ce dernier mode serait plus avantageux aux deux parties, si une concurrence de plus en plus sévère ne venait diminuer le prix du travail des salariés. Lorsque les ouvriers charpentiers sont au marché, ils s’associent entr’eux et partagent au prorata de leur travail et de leurs salaires habituels. C’est-à-dire, que chacun est rétribué en raison de la qualité et de la quantité de ses oeuvres.
A. Guépin et E. Bonamy, Nantes au XIXe siècle ; statistique topographique, industrielle et morale,
Nantes, Prosper Sebire, 1835, p. 395-396.
- Les conquêtes sociales
Les Chantiers ont porté une responsabilité très importante à Nantes. Quand on disait sur Paris « Quand Renault éternue c’est la France qui s’enrhume » là c’était un peu la même chose : quand les Chantiers descendaient dans la rue c’était l’ensemble de la métallurgie qui s’enrhumait. Pendant toute une période — la période des années 70, période de vaches grasses où il y avait pas mal de travail un peu partout — on signait des accords d’entreprise. Les Chantiers discutaient avec les directions d’un accord que ce soit sur les salaires, les avantages sociaux etc... Tous les ans c’était renouvelable et tous les ans il y avait une bagarre. ça n’allait jamais de soi. Et les ouvriers des petites entreprises laissaient se bagarrer parce qu’ils savaient qu’ensuite leurs patrons s’aligneraient sur les Chantiers. Ils venaient après leur journée nous soutenir : « Tenez bon les gars, ne lâchez pas. Notre résultat est au bout. »
Pierre Joseph et Jacques Rivet, Interview de Jean Joret, traceur de coque, Nantes, Association entre-deux, 2001, p. 36
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