Les choéphores
Ô Hermès souterrain, ô vigilant gardien
De l'antre paternel, sauve-moi, je t'en prie !
Soutiens ma mission ! Je rentre en ce pays,
Je m'y installe enfin, après un long exil.
Ô Hermès souterrain, toi l'honnête gardien
De l'antre paternel, sauve-moi, je t'en prie,
Soutiens ma mission. Enfin je rentre ici,
Dans ma patrie, après un exil qui fut long.
Au pied de ce tombeau j'implore mon cher père :
Je voudrais qu'il m'entende avec solennité.
La boucle de cheveux que voici, je la donne
À mon bon nourricier, l'Inachos ; celle-ci,
C'est le tribut offert au deuil qui me confond.
Hélas ! je ne fus pas près de toi, ô mon père,
Pour plaindre ton destin et saluer ton corps...
Mais que vois-je là-bas ? Ce cortège de femmes
Qui s'avance, paré de voiles longs et noirs.
Mais que s'est-il passé ? Quoi ! un désastre, encor,
A-t-il frappé ce lieu ? Ou est-ce pour mon père ?
Je ne me trompe pas, je pense, en affirmant
Que leurs mains vont verser l'offrande destinée
À calmer les défunts. La chose est évidente.
Mais... je l'ai bien reconnue : c'est Électre, ma sœur,
Elle est toute envahie de deuil et de douleur.
Ô Zeus ! je t'en supplie, viens armer ma vengeance,
Et que ta volonté soit mon plus sûr appui !
Pylade, écartons-nous : je veux avec respect
Suivre le cours pieux de ce cortège en deuil.
LE CHŒUR
Strophe I
Sorti de ce palais, sur ordre,
Je marche pour offrir les tristes libations,
Frappant ma poitrine,
Avec une force accrue qui rythme le cortège.
Voyez mon visage sanglant
Où se voient les sillons fraîchement creusés
Par mes ongles. Car mon cœur palpite de douleur,
Et ne se repaît que de sanglots interminables ;
Étreinte par la souffrance, ma main vient déchirer
En lambeaux les étoffes de lin qui me couvrent.
Oui, ce noir péplos est lacéré
Sous les coups redoublés d'un sort funeste.
Antistrophe I
Dans cette nuit d'horreur,
Qui