Les commémorations nationales
Loi sur les secteurs sauvegardés, 4 Août 1962
« Les nations ont découvert que l'âme de leur passé n'est pas faite que de chefs-d'œuvre, qu'en architecture un chef-d'œuvre isolé risque d'être un chef-d'œuvre mort ; que si nous laissions détruire ces vieux quais de la Seine semblables à des lithographies romantiques, il semblerait que nous chassions de Paris le génie de Daumier et l'ombre de Baudelaire. », ainsi s’exprime Malraux dans son discours de présentation de la Loi sur les secteurs sauvegardés à l’Assemblée, le 23 juillet 1962. Une telle emphase dans la volonté de l’écrivain et ministre de promouvoir cette loi soulève plus largement la question de la protection et de la sauvegarde de notre patrimoine culturel, et de l’équilibre à trouver entre sauvegarde et rénovation. La notion de patrimoine culturel, en ce qu’elle est très englobante, peut sembler posséder des contours très flous. Il faut en cela distinguer le patrimoine culturel tel que conçu au sens commun du terme, et le patrimoine culturel tel que conçu en termes juridiques, où la notion est bien plus restrictive. Au sens commun du terme, on peut se fonder sur une définition de l’héritage culturel européen donné par le Conseil de l’Europe : «L’héritage culturel européen est fait des créations de la nature et de l’homme, de richesses matérielles mais aussi de valeurs morales et religieuses, de convictions et de connaissances, de peurs et d’espoirs, de visions du monde et de modes de vie ». Dans son approche juridique, le patrimoine ne recouvre que l’aspect matériel de cette définition, les lois ne s’attachant ainsi qu’à la protection des biens, meubles ou immeubles, et non pas des choses intangibles telles que les valeurs ou les connaissances. Ainsi comme le résume M.Cornu dans son ouvrage Droit des biens culturels et des archives, « le patrimoine au sens juridique ne recouvre qu’un sous-ensemble du patrimoine au sens large ». Que la Loi sur