Concernant le genre, notons d’abord l’absence de toute référence explicite à la poésie. Il importe davantage à l’auteur d’indiquer la particularité de ce recueil poétique qui est d’être une sorte d’autobiographie : « Qu’est-ce que Les Contemplations ? C’est ce qu’on pourrait appeler, si le mot n’avait quelque prétention, Les Mémoires d’une âme » (l.10). Tout le texte est articulé autour de cette idée directrice : « Est-ce donc la vie d’un homme ? Oui … » (l.20), idée encore reprise en conclusion : « Nous venons de le dire, c’est une âme qui se raconte dans ces deux volumes. » (l.36). Le lecteur est donc en droit de supposer qu’il va trouver dans ce livre un recueil de souvenirs, ou un récit rétrospectif de la vie de l’auteur. Remarquer notamment le nom « souvenir », les verbes « revenir » et « rappeler » dans : « Ce sont en effet toutes les impressions, tous les souvenirs (…) revenus et rappelés» (l1-13). Par ailleurs, l’insistance de l’auteur sur le mot « âme » (3 fois), sur le mot « cœur » (l.6), l’omniprésence d’un vocabulaire des sentiments (amour, solitude, espérance, désespoir, triste, riant, funèbre …) indiquent le caractère intime de l’inspiration de l’œuvre : si mémoires il y a, ce seront des mémoires intérieurs ; si poésie il y a ce sera une poésie lyrique, c’est à dire une poésie exprimant les sentiments personnels du poète. Mais certaines formulations du texte indiquent une écriture au jour le jour, qui fait penser au genre du « journal intime » plutôt qu’à celui des « Mémoires » : « Une destinée est écrite là jour à jour » (l.19). Ou encore, l.4 : « L’auteur a laissé pour ainsi dire ce livre se faire en lui. La vie, en filtrant goutte à goutte à travers les événements et les souffrances, l’a déposé dans son cœur ». La répétition d’un même substantif (« jour à jour », « goutte à goutte ») suggère une lente accumulation. Ces exemples ne sont d’ailleurs pas isolés. Voir : « rayon à rayon » (l.13), « soupir à soupir » (l.13), « de lueur en