Les contestations du capitalisme libéral
Comme toute révolution, la révolution industrielle divise les hommes qui la vivent. Certains s’en font les thuriféraires, d’autres, comme les économistes, l’observent et tentent d’en modéliser les processus, sans forcément en partager toutes les nécessités. Et puis, il y a ceux qui voient et analysent les conséquences sociales de cette révolution : déracinement, éclatement des cadres sociaux et culturels de vie, concentration de la misère dans des villes de plus en plus tentaculaires, exploitation, diffusion du « paupérisme ». La misère de l’ouvrier moderne, pour reprendre une expression de Marx, tend du coup à effacer le souvenir de la profonde misère qui caractérisait jusqu’alors les campagnes, où l’économie était toujours sur le bord de la rupture, où les conditions de vie étaient extrêmement précaires. Toujours est-il que, dès les années 1810-1820 en Angleterre, plus tard en France et en Allemagne, les analyses des effets de l’industrialisation conduisent au développent de formes variables de contestation du capitalisme. Ce sont ces contestations que nous allons évoquer aujourd’hui.
1. LES INDUSTRIALISATIONS ET LEURS EFFETS SOCIAUX
1.1. Les industrialisations ne répondent pas à un schéma unique
➙ passage d'une économie agraire à une économie industrielle et capitaliste se fait selon des rythmes variables d’un pays à l’autre. Il se fait aussi dans des conditions spécifiques. Pendant longtemps, l’influence du marxisme et plus encore peut-être celle des écrits des “philanthropes” des années 1840 comme Villermé, relayés par des écrivains (Hugo) et les hommes politiques (Blanqui, Guesde, etc.) a imposé l’image d’une classe ouvrière française constituée selon un schéma calqué sur celui de la Grande-Bretagne : passage précoce du domestic system au factory system, exode rural massif, prolétariat démuni s’entassant dans les banlieues des grandes villes, enchaîné aux grandes machines pour un salaire de