Les deux pigeons, fenelon
Désireux, en tant que précepteur, d’instruire par ses écrits, Fénelon rédigea à la fin du 17ème siècle Les Aventures de Télémaque, conçue comme une somme pédagogique destinée au duc de Bourgogne. Il poursuivit sa tâche éducative en 1713 avec les Fables et Opuscules pédagogiques. Il s‘agit essentiellement d’un recueil d’apologues sous forme de récits allégoriques à dimension morale, directement inspiré des Fables de La Fontaine. Si d’un point de vue formel, Fénelon innove avec l’usage de la prose et d’un style moins académique, en revanche, on constate de nombreuses similitudes thématiques avec l’œuvre de La Fontaine. C’est le cas, précisément, de la fable XX de Fénelon intitulée « Le pigeon puni de son inquiétude », sans doute reprise directement des « Deux pigeons » de La Fontaine : chacune de ces deux fables privilégient en effet, dans une perspective chrétienne, une morale de la sédentarité au détriment du voyage, celui-ci étant perçu comme un divertissement détournant l’homme de ses intérêts primordiaux. La fable de Fénelon en question nous relate ainsi la triste destinée d’un pigeon qui, puni pour avoir quitté ses proches par ambition politique et avoir cherché le bonheur ailleurs qu’auprès d’eux, finit par trouver la mort. LECTURE En quoi cette fable allégorique décrivant les dérives du désir et de l’ambition en matière politique revêt-elle, par le biais du contre-exemple qu’elle nous présente et de l’ironie auctoriale, une dimension didactique par son message évangélique implicite appelant l’homme à chercher et trouver le bonheur en dehors des vanités du monde, c.à.d auprès de Dieu ? La fable se compose de trois mouvements : - du début à la l.16 jusqu’à « leur vie était délicieuse » : l’union des deux pigeons comme dans un paradis terrestre
- le second mouvement rend compte d’un renversement de situation à la l. 15, « L’un d’eux… » jusqu’à la l.34, « les trous de son colombier » : l’ambition politique ou la libido