Les différents comiques de tartuffe.
LE COMIQUE DE GESTES
De nombreuses photos de la mise en scène du Département de Théâtre de l’Université « Saint Ambroise » : http://web.sau.edu/theatre/seasons/9899season/tartuffe/tartuffe.htm
Au XVII° siècle les conditions de représentation dans les salles limitent le jeu des acteurs : les cabrioles et autres gambades sont plus difficiles car l’espace est réduit en raison des tentures qui servent de décor, et des spectateurs sur la scène ! Cependant Molière a joué et composé des farces. Le metteur en scène et l’acteur qu’il était ne pouvait pas renoncer aux ressorts les plus évidents du comique explicités dans les didascalies : les gifles (surtout quand, comme celle d’Orgon à Dorine, elle n’atteint pas son but (II, 2) et les coups, les bousculades, gestes et mouvements répétitifs telle la scène entre Valère et Mariane (II, 4), ou la « toux » d’Elmire (IV, 5)
Mais la pièce a peu de didascalies. Or les commentaires des contemporains nous apprennent que ni Molière ni ses acteurs ne reculaient devant les grimaces, mimiques outrées, gestes excessifs : « Jamais personne ne sut si bien démonter son visage et l’on peut dire que dans cette pièce il en change plus de vingt fois », déclarait M. de Neufvillenaine à propos de Sganarelle. Le lecteur doit donc imaginer, comme on le lui dit dans la Critique de l’École des femmes, » ces roulements d’yeux extravagants, ces soupirs ridicules, et ces larmes niaises qui font rire tout le monde » (scène 6).
Une analyse enfin du rythme des scènes nous permet d’imaginer la vie donnée à la pièce par la gestuelle, par exemple dans l’acte I, scène 1. Les jeux de scène deviennent encore plus efficaces quand ils se transforment, pour reprendre la formule de Bergson dans le Rire, en « du mécanique plaqué sur du vivant ». Le public du théâtre, comme les enfants, pour évoquer à nouveau Bergson, rit du diable qui sort à maintes reprises de sa boîte : « Ne songeons qu’à nous réjouir: