Les déictiques – des subjectivèmes
Raluca BALATCHI Université Stefan cel Mare, Suceava LES DEICTIQUES – DES SUBJECTIVEMES ? Préliminaires Il est devenu presqu’un truisme d’affirmer que le langage est par essence subjectif. La présence du locuteur dans ses réalisations langagières devient plus ou moins perceptible à travers des moyens linguistiques différents, ce qui a conduit bon nombre de linguistes, à commencer par Catherine Kerbrat Orecchioni, à procéder à une identification et à une analyse des subjectivèmes, les marques concrètes, au niveau de l’énoncé, de l’activité subjective de l’énonciateur. Quoique les phénomènes de la deixis et de la modalité axiologique soient tous les deux reliés à la subjectivité, nous considérons que, en raison de leur nature tout à fait différente, on ne peut pas les classer ensemble sous l’étiquette de subjectivème. Il est préférable, selon nous, de réserver cette dénomination aux éléments axiologiques qui rendent compte de la subjectivité en tant que phénomène graduel, allant, théoriquement, du pôle [+ objectif] au pôle [+ subjectif], sans jamais les atteindre de manière absolue. Par contre, les déictiques se relient à la subjectivité par le fait qu’ils ont à voir avec le sujet énonciateur, réalisant son identification / localisation spatiotemporelle, donc le rapportant au contexte extra-linguistique. De ce fait, et vu que tout énoncé est le produit de l’activité langagière d’un sujet, la subjectivité devient intrinsèque à n’importe quel type de discours. Le concept de subjectivité en linguistique Une définition de la subjectivité en tant que concept général devrait renvoyer à la notion de sujet largo sensu, ayant trait à ses jugements et sentiments, se rapportant toujours au moi, à la conscience individuelle. Les dictionnaires de langue française mentionnent au moins deux acceptions pour le terme subjectivité, sans l’associer quand même au domaine de la linguistique5. L’application du concept de subjectivité au langage s’est