Les fascismes en europe de 1920 à 1939
"Définir le fascisme, c'est en faire l'histoire" expliquait Angelo Tasca, opposant italien de gauche. Pour comprendre la signification, l'essence de ce phénomène politique né avec la frustration du premier conflit mondial, il faut étudier ce qu'il a fait, ce qu'il a produit. On entendra ici par fascisme le courant politique qui s'est réalisé dans les régimes non-démocratiques italien et allemand dans l'entre deux guerres, basé sur une idéologie raciale, la figure d'un chef et construit autour d'un parti fusionnant avec l'Etat. Ces caractéristiques, on les retrouve bien en Italie, avec l'homme fasciste, la figure du Duce, et l'importance du parti, tout comme en Allemagne avec l'Aryen, le Fuhrer et le NSDAP. Pourtant, il demeure des différences profondes : l'absolutisme de l'Etat nazi et la violence de la solution finale ne se retrouvent pas entièrement en Italie. Sans tomber dans une vision téléologique de l'histoire, on peut accepter l'interprétation de Pierre Milza qui évoque un développement du fascisme en quatre étapes, qui prend ses sources dans l'exacerbation du nationalisme et l'extrême droite et qui aboutit au totalitarisme. En ce sens, si l'Italie est à l'origine de la notion et du mot même de fascisme, c'est le nazisme allemand qui le réalise pleinement. Il n'en reste pas moins que les deux régimes participent d'une même logique fasciste et totalitaire. Pour comprendre comment de telles différences, il faut alors s'attarder sur les origines de ces régimes, et sur leurs intentions. Si l'on accepte notre définition large du fascisme, dans quelle mesure nous permettent-elles de parler d'une certaine unité du fascisme en Italie et en Allemagne pendant l'entre-deux-guerres ? Nous verrons tout d'abord qu'il y a bien un terreau commun au nazisme et au fascisme, mais que leur réalisation diffère, peut-être par une certaine incomplétude du régime italien.
I. Un terreau fertile