Les femmes - fleurs du mal
L’homosexualité féminine Rappelons à ce propos que le premier titre que Baudelaire avait envisagé était Les lesbiennes, bien qu’il le qualifiât de « titre pétard », c’est-à-dire de titre destiné à choquer le public. On peut cependant se demander pourquoi rendre ce thème éponyme, alors que les poèmes consacrés au saphisme ne sont que très peu nombreux dans les Fleurs du Mal : il s’agit essentiellement de Lesbos et de deux poèmes de Femmes damnées : Delphine et Hippolyte et le Léthée. C’est que Baudelaire retrouve en elles l’expression de plusieurs thématiques qui lui sont chères. Celles que le poète en éternelle quête d’absolu appelle « chercheuses d’infini » sont, comme lui, mises au ban de la société, et comme lui des êtres de souffrance. D’autre part, l’impossibilité de l’acte sexuel renvoie à la beauté baudelairienne (voir infra. Mme Sabatier) : il ne s’agit pas de chercher le contentement, mais encore le désir, appelant par là l’infini et l’inconnu. Cette beauté qui réside également, pour Baudelaire, dans le bizarre qui est inhérent aux lesbiennes. En outre, on retrouve dans la description que fait le poète de l’antique île de Lesbos le thème du paradis perdu qu’il exploite dans d’autres poèmes du même recueil. Enfin, si la réponse est à chercher dans le réel plutôt que dans l’esthétique, on sait que certaines de ses maîtresses, à commencer par Jeanne Duval ont eu au moins épisodiquement, des « amitiés » féminines.
Les femmes fantasmées De ces femmes réelles, en particulier de Jeanne Duval et de Mme Sabatier, Baudelaire accentuera les traits jusqu’à en faire de véritables icônes. Jeanne Duval devient la « Vénus noire », incarnation de l’amour sensuel. Plus que la volupté, Baudelaire voit dans cette femme une source d’évasion par l’exotisme ou par le plaisir esthétique. La beauté brune de Jeanne Duval, le parfum de sa chevelure éveillent un monde de sensations et d’images ensoleillées. Il aime voir « miroiter sa peau », et