Les gens de mer à l'époque moderne
Aux XVIIème et XVIIIème siècles, la mer, même pour les populations littorales inspirait la crainte, voire l’épouvante. Pourtant, tout une population vivait sur la mer et de la mer. Que ce soient les pêcheurs, les sauniers, les matelots, leurs épouses… La vie de chacune de ces personnes était marquée par la mer. On peut les qualifier de « gens de mer ».
Mais cette définition est floue. Alain Cabantous – professeur d’Histoire à l’université de Paris I-Panthéon-Sorbonne et spécialiste de l’Histoire des mondes maritimes du XVIIème au XIXème siècle – dans son colloque de Barcelone en 2006 intitulé « Histoire maritime ou histoire sociale ? L’approche des gens de mer », se pose la question de la définition de ces « gens de mer ». Si Alain Cabantous opte, pour sa part, pour une définition étroite et précise, il cite aussi une ordonnance anglaise de 1560 qui détermine, par exemple, que « sont gens de mer tous ceux dont l’existence dépend de la mer à quelque titre que ce soit : ceux qui construisent et équipent les navires comme ceux qui pratiquent l’art et la science de la navigation, ceux qui, en ville et à la campagne travaillent pour la mer […]». Michel Mollat du Jourdin choisit une acceptation large : « tous ceux qui travaillent pour et par la mer ».
Aux XVIIème et XVIIIème siècle, sous les règnes de Louis XIII, Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, à l’époque où la France, comme d’autres pays d’Europe, commence à devenir un empire colonial, la population des gens de mer semble particulièrement importante.
Il s’agira de se demander qui sont concrètement ces « gens de mer » et d’étudier leur rôle et leur place dans la société d’Ancien Régime.
Tout d’abord, nous verrons quelles personnes nous pouvons regrouper sous le nom de « gens de mer », après quoi nous nous intéresserons à leur quotidien et enfin, à l’intérêt que leur porte l’Etat français.
I/ Qui sont ces « gens de mer » ?