Les héroïdes
Les Héroïdes
NOTICE LITTÉRAIRE SUR OVIDE
La littérature latine, la poésie surtout, a été une imitation perpétuelle, et souvent une copie de la poésie et de la littérature grecques. La tragédie et la comédie latines, premiers essais du génie romain, ont été calquées sur la comédie et la tragédie d'Athènes ; Névius, Ennius, Accius, Pacuvius, n'ont été que les traducteurs d'Eschyle, de Sophocle et d'Euripide. La poésie didactique a également marché sur les traces de la Grèce : Lucrèce a mis en vers le système d'Epicure et les idées d'Empédocle. Au siècle même d'Auguste, et quand la langue déjà riche et formée avait vaincu cette pauvreté d'expressions que lui reprochait le chantre de la Nature, la poésie romaine continua de s'inspirer du souffle, des fables et de l'histoire de la Grèce : Horace imita Pindare ; Virgile, Homère. L'élégie prit la même route : Catulle traduit Callimaque ; Properce épuise la mythologie grecque ; Tibulle seul écrit sous une inspiration plus libre, et met dans ses poésies un sentiment tendre et simple, une douce mélancolie qui semble un vague pressentiment de cette tristesse chrétienne qui devait changer l'âme et la littérature du vieux monde païen. Ovide suivit ces traditions de la poésie latine. Cependant il est plus libre dans ses emprunts, plus créateur dans ses imitations : comme ses devanciers, il ne traduit pas les poètes grecs ; s'il demande à la Grèce le sujet de ses inspirations, il l'agrandit, le façonne, le crée par la fécondité de son imagination, et la vivacité particulière de son génie. Grec par le fond de ses ouvrages, classique par la pureté de son style, par le tour de la pensée, Ovide est pour ainsi dire moderne.
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Son premier ouvrage, les Héroïdes (Heroidum epistolœ), a un caractère original. Dans ce langage tendre prêté aux héros de l'épopée ou de la tragédie grecque, n'y a-t-il pas une intention d'ironie et pour ainsi dire une profanation du sublime, qui se rapprochent de la malignité du chantre de