Les identités lunatiques dans moon palace de paul auster
La lecture résonne en nous avec beaucoup d’intensité, et son écho pourrait y vibrer éternellement. Elle est remplie de sens qui s’entremêlent et se dispersent, se replient sur eux-mêmes, se tordent et se chevauchent, éclatent. Les premiers mots empruntés par nos yeux ont semblé se liquéfier. Bientôt le comprendrons nous, ils constituaient la source d’un ruisseau, d’une rivière, d’un torrent de vérités aux langues souples et aux remous sinueux. Il y a tant, tant de directions que prennent ce courant qu’on pourrait y être entraîné de multiples façons, tantôt secoué dans ses profondeurs, tantôt cherchant l’air au creux d’une vague. Condensation de réalités au sommet de notre esprit, trop larges, trop globales pour que l’on puisse les considérer avec précision sans en voir la moitié se volatiliser. C’est juste une tranche de vie que nous tenons entre les mains. Assez complète pour être déroutante. Nous lisons « Moon Palace », de Paul Auster. Et comment, par la suite, pourrions-nous en parler sans être réducteur ? Heureusement, ce travail de fin d’étude n’exige l’analyse que de quelques aspects. Heureusement surtout, bien que déjà immortel, Paul Auster n’est pas encore mort. Il n’aura donc pas à se retourner dans sa tombe, effort incommensurable. Serait-ce à un malheureux rhétoricien de devoir épauler son contenu par de pertinentes analyses ? Mission suicidaire, accordons-le. Voilà pourquoi j’entamerai mon travail avec légèreté, toute gravité ayant été superficielle. Choisir un aspect du roman, c’est renoncer. J’ai été plongé dans une atmosphère parfois onirique (splendeur poétique de certains passages), parfois intenable (sensation d’enfermement), sous le signe de la Lune. J’aurais pu me concentrer sur bien des choses, telles les nombreuses références dont profite cette œuvre (Hamsun, Platon, Pascal, Sénèque etc.), son humour, sa réflexion sur la valeur de l’Art et de la beauté,… Renoncer donc, c’est ce que je ferai, à l’image du bien bel anti-héro