L’attentat du grand-duc
Yanek et Boria quittèrent l’appartement ensemble sans se dire un seul mot durant leur court trajet. Au moment de se séparer pour aller chacun à leur position stratégique déterminée à l’avance, ils s’envoyèrent un regard intense de quelques secondes seulement, mais qui voulait absolument tout dire. C’était une sorte de bonne chance et d’adieu à la fois, tout en ayant un air de détermination et de fierté. Dès cet instant, ils se tournèrent le dos et se concentrèrent individuellement sur leur rôle et sur leur ultime but.
Yanek était désigné pour lancer le premier projectile explosif sur leur malheureuse victime. Sa position d’attaque était alors dans une petite ruelle sombre perpendiculaire au chemin que le duc était normalement supposé d’emprunter. De cette façon, il pouvait surprendre celui-ci facilement. Boria, pour sa part, comme il était choisi pour lancer la deuxième bombe artisanale seulement en cas que la première ne fonctionne pas, il était donc placé au coin de la rue à environ 25 mètres de la cachette de son partenaire. Tous les deux à leur porte, ils regardèrent l’heure, il indiquait 6 h 53. Le grand-duc sortait du théâtre à 7 h, ils leur restaient donc quelques minutes à patienter et à garder leur niveau de concentration au maximum, car ils n’auraient pas d’autres chances de la sorte s’ils échouaient à ce deuxième essai. De son côté, Yanek, pour éviter de perdre sa concentration, il met en scène dans sa tête tout l’évènement qui allait bientôt se dérouler et réfléchissait à tous les scénarios possibles. Il devait être prêt à tout. Qu’allait-il faire si le duc était encore accompagné des enfants ? Si la duchesse était là ? S’ils décidaient d’emprunter un autre chemin ? Yanek devait pouvoir anticiper rapidement. Pendant ce temps, Boria devait lui également penser à toute éventualité. Que ferait-il si Yanek ne lançait pas sa bombe ? S’il n’avait pas besoin de lancer la sienne, par où s’enfuirait-il ? De plus, il avait la pression de