Les langues du paradis
Résumé
Le livre de Maurice Olender propose une sorte d’enquête au XIXème siècle.
Fraîchement sortie des Lumières, cette époque romantique aspire au renouvellement de toutes les valeurs et foisonne de questions sur ses origines. Les protagonistes sont philologues, théologiens, linguistes. Le contexte est une Europe profondément chrétienne, découvrant les prémisses de la laïcisation, qui augure de nouveaux champs d’investigation scientifique et ouvre une nouvelle ère à l’esprit humain. Modernité et Progrès sont les nouvelles promesses de demain. La question de l’identité nationale est à l’ordre du jour. C’est également l’époque des grandes colonisations où le salut chrétien des sauvages polit la conscience des hommes civilisés.
C’est à ce moment que l’étude du sanscrit permet de poser une hypothèse décisive dans l’étude des langues, accélérant l’apparition d’une science nouvelle, la philologie comparée.
Développée par l’orientaliste anglais Williams Jones, l’hypothèse indo-européenne prétend qu’il y aurait un idiome ancestral commun aux langues européennes.
Une lointaine diaspora indo-européenne émerge d’un âge mytho-poétique. Nombreux sont ceux qui se sont mis en quête de leurs racines à l’aube de l’humanité, dans les archives de ce monde indo-européen, désormais nouvel ancêtre pour une humanité occidentale en quête de légitimité. Seuls certains esprits se sont opposés à ces visions d’un Paradis aryen succédant à l’Eden biblique comme Ferdinand de Saussure, Salomon Reinach ou Arsène Darmesteter.
La philologie comparée est la première science « laïque » admise par l’église. Héritière de l’exégèse biblique, son importance fut celle de son objectif, lier le dogme chrétien à une question grammaticale. Au côté de la linguistique moderne, elle devient l’écrin de la question de l’origine des langues et ouvre vers une nouvelle conception des peuples de la nuit des temps. La paléontologie linguistique fait son apparition et