Le mot "Lumières" désigne métaphoriquement le mouvement intellectuel qui caractérise le dix-huitième siècle européen : illuminismo en italien, ilustración en espagnol, Aufklärung en allemand évoquent semblablement le passage de la nuit au jour, de l'obscurantisme à la connaissance rationnelle, qui marque cette époque décidée à secouer tous les jougs qui pesaient jusque-là sur les peuples. En France, le mot "mouvement" semble plus approprié qu'ailleurs puisque, fédérés par l'Encyclopédie, les philosophes ont conjugué leurs efforts pour proposer une refonte générale de l'entendement au nom d'un attachement commun aux valeurs de la bourgeoisie montante - mérite, travail, libre entreprise - encouragées par le modèle idéal du despote éclairé. Venus d'horizons différents, ils peuvent varier sur certains aspects de la vie sociale (on consultera sur d'autres pages la querelle Voltaire-Rousseau), mais leur accord résonne dans le cri de guerre entendu par Condorcet : raison, tolérance, humanité. C'est au nom de cette dernière en effet que se déploie toujours le zèle des encyclopédistes, et nos quatre textes veulent en donner l'illustration : tant sur le plan de la connaissance que sur celui de la vie morale, les philosophes sont animés par leur considération pour le genre humain et par leur foi dans sa marche vers le progrès. Définition des Lumières. Les philosophes des Lumières veulent "éclairer" leurs concitoyens en luttant contre l’ignorance, notamment à travers le projet grandiose de l’Encyclopédie. Les Lumières veulent asseoir le règne de la raison, de la lumière naturelle qui accumule des connaissances.
Le contexte historique. La philosophie de John Locke (1632- 1704) se répand progressivement en France. Pour lui, le peuple demeure le seul souverain véritable, et tous les hommes possèdent des droits naturels inaliénables. Or, Louis XIV meurt en 1715, après un règne qui a vu l’apogée du pouvoir royal et le retour à un ordre moral. La Régence, qui s’ouvre,