les memoires de abdou diouf
MEMOIRES
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AVANT-PROPOS
Dans son autobiographie, « Si le grain ne meurt », publiée en 1924, André Gide écrit : « Les mémoires ne sont jamais qu’à demi sincères, si grand que soit le souci de vérité. ». C’est peutêtre vrai pour un auteur qui rédige son autobiographie mais ce n’est pas le cas en ce qui me concerne car je ne suis animé que du souci d’apporter ma part de vérité dans la relation de faits que j’ai vécus soit comme témoin, soit comme acteur de la vie publique du Sénégal, que ce soit aux abords du sommet ou au sommet de l’Etat. C’est d’autant plus nécessaire que ça et là, au gré des circonstances et du public ciblé, on assiste à une véritable réinvention de l’histoire, soit pour se mettre en valeur, soit pour jeter l’opprobre sur ceux que l’on croit emmurés dans un silence éternel. Au demeurant, de tels propos fallacieux, s’ils n’étaient infirmés, risqueraient de tenir lieu de vérité. C’est pourquoi, j’ai décidé de prendre la parole, en toute sérénité, mais au nom de l’équité, celle qui a toujours guidé mes pas de tout temps et en toutes circonstances.
Pendant quarante ans, en effet, de 1960 à 2000, j’ai été au service de mon pays où j’ai été tour à tour, haut fonctionnaire, Directeur de cabinet et Secrétaire général de la Présidence de la
République, Premier ministre et enfin Président de la République..
Du côté du Parti, j’ai été militant à la base de l’UPS, responsable d’Union régionale,
Secrétaire général adjoint , Secrétaire général, puis Président du PS. C’est dire que j’ai été mêlé dès le début de notre indépendance à l’évolution politique, administrative, économique, sociale et culturelle du Sénégal. C’est dire que j’ai pratiqué des hommes et des femmes de toutes les catégories sociales. En somme, pendant quarante ans de vie publique, j’ai entendu et j’ai vu, j’ai fait et j’ai défait, j’ai aussi subi.
Il ne s’agit pas, pour moi, à travers ce récit, de faire une sorte de rapport en conseil