Les migrations
Les frontières mouvantes du continent africain
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MIGRATIONS régionales, éclatement des Etats, recompositions géopolitiques : l'Afrique n'en finit pas de se déchirer et de se transformer, sous les effets conjugués de sa démographie, de l'urbanisation massive et des ambitions économiques, militaires ou religieuses qui s'y déploient. Ces conflits et mouvements coïncident rarement avec le cadre étatique, et l'esprit peine à les identifier. La mosaïque compose toutefois un tableau où se dessinent les nouvelles frontières du continent.
[pic](Carte : Vers une nouvelle géopolitique africaine.)
Au cours des deux derniers siècles, les frontières visibles, matérielles ou symboliques, historiques ou naturelles, de l'Afrique n'ont cessé de s'étirer et de se contracter. Des formes inédites et inattendues de territorialités sont apparues. Leurs bornes ne recoupent pas nécessairement les limites officielles, les normes ou le langage des Etats. Or le discours supposé rendre compte de ces transformations les a, paradoxalement, occultées.
Pour l'essentiel, deux thèses s'ignorent. D'une part prévaut l'idée selon laquelle les frontières des Etats africains sont des créations coloniales. D'autre part prétend-on qu'une sorte d'intégration régionale serait en cours « par le bas » : elle se réaliserait en marge des institutions, à travers des solidarités socioculturelles et des réseaux marchands transfrontaliers. Ces deux vues reposent sur une vision simpliste de l'idée de limites frontalières dans l'histoire africaine et sur une méprise concernant la nature des frontières coloniales proprement dites.
En effet, un autre agencement spatial est en cours, et une autre donne géopolitique se met en place dans le cadre du ghetto stratégique qu'est devenue l'Afrique de l'après - guerre froide. Cette trajectoire se situe partiellement dans la continuité des grands mouvements de destruction et de