C'est l'un de ces cas qui m'a particulièrement interpellé, Ludovic Bossard, cadet du centre, était ici pour des problèmes psychologiques. Officiellement il souffrait de dysfonctionnalité paranoïde, maladie généralement associée à la psychose. Trouble grave et durable de la personnalité, dans lequel la perception, la compréhension et les relations avec le monde réel sont gravement altérées, et dont le sujet n'a pas conscience du caractère pathologique. Il était aussi atteint de troubles du langage, communiquant peu, il s’exprimait de manière spontanée et sans réserve, dans un français approximatif. Il avait des excès de violence assez spectaculaire, la plupart du temps envers lui-même, se cognant dans les murs, saccageant sa chambre ou bien dessinant sur les murs avec rage.
Lui, pourtant, ne se qualifiait pas de « fou », il n'avait pas le « singe ». A en croire ses propos, le seul mal dont il souffrait était l’absence d'affection de sa mère, n’ayant eu ni exemple paternel ni amour maternelle. En manque de repères, il se raccrochait au seul sentiment le liant à son unique famille : sa mère.
Son comportement est sans nous rappeler le complexe d’Œdipe,bien que ceci n’était pas évoqué dans son dossier. Cela devenait évident en consultant ses échanges avec le psychologue. Sa mère semblait être sa propriété, elle était pour lui comme une déesse, la personne qu'il idolâtrait, qu'il désirait au plus profond de lui. Sa mère était l'objet de ses convoitises, et faisait tout pour qu'elle l'apprécie, ce qui eu l'effet inverse. Ce rapprochement loin de lui faire plaisir l'effrayait, enfermé dans son monde, Ludovic n'y voyait aucun mal. Il agissait avec toute l'innocence d'un enfant, il lui concoctait des colliers en coquillage, et lui préparait son petit déjeuner le dimanche matin. Dans sa bulle, tout était parfait jusqu'à son arrivée au centre où il prit conscience que ses sentiments envers sa mère n'étaient pas