Les pauvres et l'assistance en france au xviiième siècle
Jean-Baptiste Greuze (1725-1805) exécute en 1763 le tableau La pauvre famille, aujourd’hui conservé au musée Condé de Chantilly. Ce dessin témoigne de l’intérêt envers les pauvres dont fait preuve certains milieux intellectuels, littéraires ou artistiques. Il représente en effet une famille nombreuse, composée des parents et de quatre enfants, qui semble dans un tel dénuement qu’ils sont contraints de mendier, le père tendant son chapeau tandis que la mère lève les bras au ciel en signe de supplication. Cette famille, qui semble prise sur le vif, ne représente pas un cas isolé dans la France du XVIIIème siècle, qui, bien que bénéficiant de conditions économiques relativement favorables, compte encore une large proportion de la population qu’on peut considérer comme pauvre. Cette notion de pauvreté recouvre des réalités si disparates qu’il est difficile de définir ce qu’est un pauvre. Dans les sources, écrites par des auteurs extérieurs à ce milieu, les expressions « pauvres », « gueux », « mendiants » sont utilisées sans distinction claire. Les contemporains semblent donner deux sens au mot « pauvre ». En 1790, le Comité de Mendicité de l’Assemblée Constituante détermine qu’une famille de cinq personnes est considérée comme pauvre si elle dispose de moins de 435 livres de revenus. Compte tenu des fluctuations des prix, ce chiffre ne peut être considéré comme pertinent et généralisable. Le deuxième sens est plus appréhendable. Clicquot de Blervache, en 1789, écrit que « le travail est le seul patrimoine du peuple ». Le pauvre est donc celui qui n’a que son travail pour subsister. Dès le Moyen-Age, une aide aux pauvres se met en place, par le biais de structures officielles ou privées, ou par une aide spontanée, dont on ne garde souvent pas trace : c’est l’assistance qui existe toujours au XVIIIème siècle.
On peut alors se demander en quoi le XVIIIème siècle en France a-t-il marqué un tournant dans les relations