Riccardo, protagoniste du Mépris trouve pour avatar le personnage homérien d’Ulysse. Le premier, omniscient fait apparaître indirectement le second dans sa propre histoire. Ces personnages sont comparables, même si l’un sort de la fiction et que l’autre est réel, du moins dans l’œuvre de Moravia. Ils tentent tous les deux de reconquérir leur femme, à leur manière. Ulysse, de retour de son épopée qui dura dix longues années, il massacre les prétendants qui veulent la main de Pénélope et les biens du roi. Quant à Riccardo, il choisit une façon moins violente et directe pour se rapprocher de sa belle : il ne cesse durant toute l’œuvre de s’interroger sur son propre comportement, sur ce qu’il a pu mal faire ; il se remet entièrement en cause. Malgré cette ressemblance directe, les deux personnages demeurent aux antipodes l’un de l’autre sur de nombreux points. Ainsi, Riccardo se montre faible et violent envers Emilia tandis qu’Ulysse n’est pas violent envers Pénélope, il sait contrôler ses pulsions. Le scénariste n’est pas raisonné, il se montre même un peu niais et n’a pas le courage d’affronter ses ambitions (sa passion pour le théâtre) alors que le héros odysséen est illustré comme un homme courageux et raisonné, éprouvant le monde. Riccardo est perçu comme un fou, un homme qui perd l’esprit au fil de l’œuvre, il voit même des fantômes, confond le monde réel avec le monde des ombres. Ulysse, quant à lui, disserte avec les morts, mais pas dans une réalité, dans l’Enfer où ces discussions voient logiquement le jour, dans un monde fictif, pas vraisemblable comme nous le montrent les références aux dieux et aux chimères. Un autre couple peut ainsi faire partie du schéma de comparaison de L’Odyssée et du Mépris.
Emilia et Pénélope sont deux femmes essentielles à l’œuvre. En effet, au fil du roman, ces deux beautés finissent par se confondre dans l’esprit de Riccardo. Elles représentent toutes deux les femmes d’intérieur, symbolisant la femme dans traditionnelle : «