Les petites vieilles.
Les Petites Vieilles, Tableaux Parisiens, Les Fleurs du Mal écrit par Charles Baudelaire en 1857. Dans cette poésie constituée de vingt et un quatrains en alexandrin aux rimes croisées, il évoque les silhouettes de vieilles femmes que les gens de la ville croisent sans plus faire attention, sans même les voir. Nous chercherons à savoir en quoi le poète dresse un tableau marginal de la vie. Dans un premier temps nous pourrons étudier les femmes en marge puis nous verrons ensuite la vie urbaine pour enfin observer la vision du poète.
Tout d’abord, nous pouvons observer dans la première partie du poème une comparaison des vieilles à de monstrueux pantins désarticulés (leurs corps difformes ne semblent pas leurs appartenir ni leur obéir) : « monstres disloqués » vers 5, « monstres brisés, bossus ou tordus » vers 6, « marionnettes » vers 13, « dansent, sans vouloir danser », « tout cassés » vers 16. Cela nous présente ainsi le caractère marginal de ces femmes qui sont devenues avec le temps ces petites vieilles que l’auteur qualifie de « monstres ». Baudelaire fait ici ressortir la faiblesse physique de ces femmes (« être fragile » vers 29) par le biais du lexique de la souffrance, de l’accablement : « brisés », « tordus » vers 6, « flagellé par des bises iniques » vers 9, « animaux blessés » vers 14, « ils rampent » vers 9, « se trainent » vers 13. Le poète fait également de ces vieilles de véritables vestiges archéologique : « décrépits » vers 4, « jadis des femmes » vers 5, « reliques » vers 11, « vieilles » vers 21.
Ensuite, dans la quatrième partie, Baudelaire s’adresse directement aux petites vieilles en utilisant la deuxième personne du pluriel : « telles vous cheminez » vers 61. Les vieilles sont en dehors du rythme du monde et de la population (opposition du « chaos » à « vivantes » vers 62 ; anaphore « nul ne vous reconnaît », « nul ne vous salue » vers 66 et 71). De plus le temps des petites vieilles est révolu (« autrefois » vers