Les poètes souffrent-ils de leurs différences ?
La poésie est un genre littéraire très ancien ; ses formes peuvent varier, puisqu’elle admet les vers tout comme la prose. Son étymologie remonte au mot grec « poiein » qui signifie « faire, créer » : le poète est donc, logiquement, un créateur, celui qui façonne et met en forme l’expressivité primordiale de ses œuvres. Le poète recherche la libération par le poids accordé aux mots, grâce à l’utilisation de figures de style par exemple. Le poète se montre généralement à l’écoute du monde, menant une réflexion sur la fonction du langage, ce dernier étant un matériau artistique à façonner sans cesse afin de parvenir à le faire exister, vivre au-delà de sa fonction initiale et utilitaire. Cependant, ces artistes semblent toujours porter en eux une part d’ombre, plus ou moins difficile à cerner, à travers les siècles ; ce sont des êtres marginalisés, intériorisés, mais de manière contradictoire toujours en quête d’exaltation et d’échappatoires. Alors, ces âmes sont-elles aussi torturées que l’on peut le penser ? Les poètes souffrent-ils réellement de leurs différences, ou bien les revendiquent-ils fièrement ? Nous allons étudier cette problématique, afin de tenter de trouver une réponse à cette interrogation, plus complexe qu’elle n’en a l’air au premier abord.
Tout d’abord, les poètes paraissent bien souvent, et depuis la nuit des temps, être des personnages meurtris, torturés, blessés par leur destinée. Ils envisagent cela comme une fatalité, une malédiction qui les a choisis, qui les condamne inévitablement à la différence et la peine. Comment ne pas approuver, lorsque nous lisons des poèmes tels que ceux de Rimbaud, ouvertement expressifs d’un palpable mal-être ? Lui-même, à travers son écriture, montre aux lecteurs son malaise irrépressible ; son poème « Le mal » est une parfaite preuve de l’angoisse dont