Les sentiers de la gloire s
En 1957, Paths of glory (Les sentiers de la gloire) commençait une assez belle carrière d’indésirable. Aujourd’hui encore accompagné d’une légende tenace et sulfureuse, le quatrième film de Stanley Kubrick revenait sur certains épisodes de la Première guerre mondiale, et développait une vision très noire du conflit, qui lui valut autant d’admiration que d’hostilité. Le film est très caractéristique des ambiguïtés qui marquent toute création artistique prenant l’histoire pour toile de fond, ambiguïtés qui permettent d’en faire le support d’un travail critique fort riche avec des élèves. La problématique d’un tel travail tient en deux mots : de quelle manière Les Sentiers de la Gloire sont-ils un film « historique » ?
Un film d’histoire ?
Dans une première partie, on aimerait donner aux Sentiers de la gloire le statut d’un document historique, comme si le film se contentait de pointer une période bien identifiée de l’histoire du vingtième siècle. Démarche illégitime, sans doute, puisqu’elle évacue sans scrupule tout ce qui constitue le film en œuvre ; mais c’est une réduction sans laquelle aucune utilisation pédagogique du cinéma de fiction n’est possible.
L’identification d’un contexte historique
Cette démarche de l’enseignant rencontre d’ailleurs celle du réalisateur, lorsqu’il prend l’histoire pour théâtre de son œuvre. Ce dernier a lui-même fait l’effort de reconstitution documentaire qui doit accréditer le contexte où se déploieront son intrigue et ses choix esthétiques. Dans le cas de S. Kubrick, l’attention portée au moindre détail, la précision de la reconstitution sont même au cœur du travail artistique, et les critiques n’ont jamais manqué de s’émerveiller du « sens du détail », et du « perfectionnisme » qui marquent son œuvre entière. L’identification du contexte est immédiate chez nos élèves : la Première Guerre mondiale se dévoile dès les premières scènes, qui s’achèvent avec la