Les souhaits
1. Les Deux Mulets (p57, Livre I,4)
Deux Mulets cheminaient, l'un d'avoine chargé,
L'autre portant l'argent de la Gabelle.
Celui-ci, glorieux d'une charge si belle,
N'eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
Il marchait d'un pas relevé,
Et faisait sonner sa sonnette :
Quand l'ennemi se présentant,
Comme il en voulait à l'argent,
Sur le Mulet du fisc une troupe se jette,
Le saisit au frein et l'arrête.
Le Mulet, en se défendant,
Se sent percer de coups : il gémit, il soupire.
"Est-ce donc là, dit-il, ce qu'on m'avait promis ?
Ce Mulet qui me suit du danger se retire,
Et moi j'y tombe, et je péris.
- Ami, lui dit son camarade,
Il n'est pas toujours bon d'avoir un haut Emploi :
Si tu n'avais servi qu'un Meunier, comme moi,
Tu ne serais pas si malade. "
Commentaires : Il s’agit d’une fable qui met en relief les défauts humains et d’une satire sociale. En effet, le mulet portant l’argent est fier, « glorieux d’une charge si belle » (V3), mais c’est sur lui que les voleurs vont s’acharner et non sur le mut « d’avoine chargé »(V1). Elle met donc en relief l’orgueil à travers l’allégorisation du mulet du fisc. La Fontaine prend la position du mulet et nous invite à la modestie et à la modération. La morale est explicite, clairement énoncée avec un présent de vérité générale « Il n’est pas toujours bon d’avoir un haut Emploi ». C’est ici qu’il y fait sa critique sociale, un haut emploi n’a pas que des avantages et peut s’avérer dangereux, il faut donc pas s’en vanter trop, au risque de paraître ridicule.
Rapprochement : « Le Lion et le Moucheron », Le Moucheron, trop orgueilleux, se vante de sa victoire avec le Lion, mais rencontre une « embuscade », Une araignée qui le tue. Le fabuliste, ici, met aussi en relief l’orgueil et nous invite à la modestie.
« Le Lièvre et la Tortue ».(p233) Le Lièvre se vante trop, la Tortue gagne la course. Encore une fois, l’orgueil est