Les stances de Rodrigue
Les stances, dont l'origine remonte à la fin du XVI siècle, jouissent d'une grande vogue dans le théâtre tragique français des années 1630 – 1660. Elles traduisent l'irruption du lyrisme, le moment où le personnage laisse parler son coeur. Les stances se caractérisent par :
> la recherche formelle / l'organisation en strophes / l'hétérométrie / la combinaison des rimes.
Avec celles de Rodrigue dans Le Cid I 6 et de l'Infante V 2, les plus célèbres sont celles de Polyeucte IV 2. Elles finissent par tomber en désuétude vers 1660.
II Situation de l'extrait:
Drame cornélien par excellence: " Il faut venger un père et perdre une maîtresse. " v.303
III Structure: 6 dizains sur le modèle: a b b a c c d e d e
1 dizain: soudaineté du coup / 2, 3 dizains: combat entre les 2 sentiments / 4 dizain triomphe de sa maîtresse / 5 dizain: Rodrigue se ressaisit / 6 dizain: décision finale
Les vers sont des alexandrins sauf les 1, 6 et 8 pour introduire de la variété dans le rythme.
IV Explication:
> v 291 percé. L'octosyllabe montre le caractère imprévu, la rapidité du drame.
> v 293 misérable # vengeur / juste # injuste
> v 297 tragédie de l'amour cf III 4
" — Rodrigue, qui l'eût cru?
— Chimène, qui l'eût dit?
— Que notre heur 1 fût si proche et sitôt se perdît?
— Et que si près du port, contre toute apparence,
Un orage si prompt brisât notre espérance? "
> v.298 " Ô Dieu, l'étrange peine " cf v 308. Le chiasme offensé/ offenseur montre que Rodrigue est en proie à une véritable tempête sous un crâne.
> v.302 honneur # amour Les 2 mots clefs de la pièce. père # maîtresse v. 311 / animer # retenir v.304 aimable # tyrannie v.312
Toutes ces antithèse reproduisent le drame de Rodrigue.
> v.315, 316 beauté magique de la langue française.
> v.318 Il délire et se met à parler à son épée comme son père don Diègue cf v. 257 " fer jadis tant à craindre. "
> anaphore " m'es-tu donné " v.323. / chiasme v.323, 324 vengeant Tout contribue à rendre l'émoi