Les ultras, en decalage avec le siecle ?
Le terme d’ « ultra » apparaît pour la première fois lors de la Seconde Restauration, après la chute de Napoléon en 1815. La Chambre des Députés élue pendant les Cent Jours qu’avait duré le Vol de l’Aigle, a été dissoute et l’on a procédé à de nouvelles élections les 14 et 22 août. Elles ont envoyé à la Chambre, dans la proportion des neuf dixièmes, des royalistes convaincus et ardents, « Chambre Introuvable » selon Louis XVIII lui-même. Le 7 octobre, le roi ouvrit la session de la nouvelle Chambre. Les Chevaliers de la foi, une société secrète défendant la monarchie légitime et le catholicisme, entreprennent alors de préparer le travail législatif en noyautant les députés de la majorité lors de réunion préparatoires, laquelle selon les mots d’André Jardin «formait une cohue de provinciaux, sans chef, inexpérimentés, passionnés et indisciplinés » . Le premier parti constitué, et que Duvergier de Hauranne a été le premier à appeler, « ultra-royaliste », est sorti de ces conciliabules. C’est ainsi que se sont fait remarquer ses premiers chefs : Joseph de Villèle, Louis de Bonald, La Bourdonnaye et Jacques-Joseph Corbière, avant que le groupe d’opinion ne se rallie très largement sous la cocarde du Comte d’Artois, Futur Charles X. Cependant, dans un siècle caractérisé par une marche vers le partage des pouvoirs, la libéralisation politique et la lutte pour toutes les libertés, quelle place doit on accorder à ce groupe d’opinion qui s’autoproclamait « plus royaliste que le roi » dans une France en quête d’identité politique ? Doit-on considérer le parti ultra comme le dernier sursaut d’une Monarchie française agonisante, comme une parenthèse dans le XIXe siècle, un contrecourant passager ? Ou peut-on à l’inverse voir dans se mouvement une étape nécessaire dans la marche vers la démocratie et comme une part intégrante d’un processus long et complexe qui aboutit à l’établissement durable de la République en France à la fin du Siècle ?
I. Les