Lettre au bonheur des dames
Ma chère Julie
Je te fais parvenir cette lettre pour te dire que je viens de voir la nouvelle collection d’été du grand magasin « Au Bonheur des dames ». Au moment même où je t’écris je sors du magasin, je suis installée au café d’en face. J’en suis toute émue, dans le magasin je n’ai plus la constante pression du vendeur dans les petites boutiques ! Ici je suis libre de mes achats, on me conseille mais on ne me force pas. Au contraire ma chère, nous sommes flattées à longueur de journée. Toi qui haïssais ça, là tu serais aux anges ma Julie ! Et puis, je ne t’ai pas dit : le magasin est juste sublime ! Il est de meilleur goût que tous les autres de province. Des dorures sur toutes les portes et les poignées. Des vitraux dignes d’une cathédrale et la lumière y est parfaite. Fini, Julie, fini les trous à rats lugubres et mal aérés. Il faut que tu viennes me rejoindre ! Tu verrais, le matin, le doux soleil qui traverse les vitrines et qui éclaire les magnifiques couleurs des étoffes, c’est juste incroyable ! Les magasins constitués d’un seul étage, c’est fini maintenant, celui-là en a trois. Tous aussi beaux les uns que les autres. Quand tu es sur le trottoir du magasin, il y a déjà des établis remplis d’étoffes de la collection précédente et ce n’est qu’un avant-goût de ce qui t’attend à l’intérieur. L’escalier central est majestueux, tu ne peux l’imaginer ! Au rez de chaussée, on y trouve toutes les nouvelles collections, tu serais ébahie de voir tous ces tissus aux couleurs resplendissantes, j’en suis sûre ! Au deuxième étage, il y a toutes les confections et les retouches, et tu ne sais pas quoi ! Dans la journée ta retouche est faite ! Impressionnant, n’est-ce pas ! Le bruit des machines à coudre me fait penser à un doux ronronnement. Enfin, quand tu en a la force, tu montes au troisième et là à peine arrivée, tu es embaumée par l’angélique odeur des parfums faits à base de fleurs. On se croirait dans un champ de tulipes et