A Paris, le 29 juin 1849

Cher père, chère mère,

Je suis bien arrivé à Paris. Je vous écris en ce moment du petit café, qui se trouve sur les Champs-Elisées. C'est une très belle ville, même si je m'attendais à mieux. Je me demande encore si j'ai bien fait de venir. Mon costume à 60 francs est un habit beaucoup plus chic que ceux des passants. J'ai réussi à me louer un grand appartement pas très cher, près du Centre-ville. Il compte en tout une centaine de mètres carrés. Je sais, il est un peu grand mais j'ai rencontré quelqu'un. Une personne délicieuse, fine, très courtoise et tout ce dont vous avez toujours rêvé pour votre fils. J'ai fait également la connaissance des parents de ma future femme. Ce sont des personnes assez snobes qui ne pensent qu'à leur argent, ils sont très orgueilleux: tout le contraire de leur fille. J'ai vraiment hâte de vous les présenter. Notre mariage aura lieu dans quelques mois. Je vous enverrez les invitations ainsi que l'argent pour le train. Essayez de vous montrer le plus noble possible, pour ne pas nuire à mon image. Madeleine m'a également présenté une de ses meilleures amies. Il se trouve que cette personne est la sœur du directeur du journal « La Vie Parisienne ». Une vraie chance ! J'ai réussi, grâce à elle, à décroché un rendez-vous avec lui et comme par hasard il lui fallait un journaliste pour s'occuper de la rubrique mondaine. Plus tard j'espère ouvrir ma propre agence. Mais pour l'instant, je me contente de mon petit salaire minable de 300 francs par jour. Une bien petite somme pour une personne qui a un si grand talent. J'espère recevoir une augmentation rapidement. Hier soir, Madeleine m'a fait visité la ville. Je ne sais pas pourquoi mais je l'imaginai beaucoup plus grande. Disneyland n'a rien de si extraordinaire, ni l'opéra d'ailleurs. Nous avons assisté à la représentation du « Bourgeois Gentilhomme ». Une belle pièce, malgré des acteurs si peu talentueux. Les quelques journaux