Rouen, le 20 janvier 1882

Monsieur Flaubert,

En premier lieu je me permets de vous révélez mon identité. Il se trouve que je suis la fille d'Emma Bovary, personnage principale de votre roman "Mme Bovary".
Je m'appelle Berthe et je suis ouvrière dans une filature de coton. J'ai trouvé un jour chez un bouquiniste de Rouen ce fameux roman par vous-même écrit.
Je ne sais quelle sera votre réaction une fois que vous aurez découvert mon prénom et réalisé qui je suis. Mais vous pouvez deviner la mienne, lorsque j’ai lu votre livre. J'ignore qui vous êtes, d'où vous venez, quelles montagnes vous avez escaladées et quelles mers vous avez traversées. Mais je vous sens proche de moi et de l’histoire de ma famille.

En sachant maintenant qui je suis, ressentez-vous de la tristesse ? de la joie ? de la pitié ? ou de la surprise ? Je vous avoue que je n'en ai pas la moindre idée. La seule chose que je sais, est qu’en ce moment précis je suis terriblement triste et fortement en colère. Mais malgré ces sentiments qui me dévorent de l'intérieur, j'éprouve quand même un peu de joie et de réconfort. Je suis contente de savoir que mon père était une personne respectée et appréciée par les gens. Tout le monde parlait bien de lui et il avait une très bonne réputation dans son métier de médecin et ses connaissances ont aidé beaucoup de personnes malades. Je me rappelle avec combien d'amour il s'est occupé de moi une fois ma mère décédée. Il faisait de son mieux et me parlait souvent de ma mère. Il l'avait aimé et l'aimait toujours bien après sa mort. Il me la décrivait comme la chose la plus belle qui existe dans ce monde. Si seulement il avait su ce qu'elle avait fait derrière son dos ! Combien de fois l'a-t-elle trompé ? pourquoi lui avoir caché ses souffrances et son amertume ? Alors qu'elle aurait pu simplement lui parler de ce qui ne lui convenait pas, comme toute personne normale. Lui confier ses attentes, ses rancœurs et ses rêves.

A fur et à mesure que je lisais