L’euthanasie et l’aide au suicide
L’euthanasie et l’aide au suicide
FASCICULE IV édité par Jean-Paul HARPES et Edmond WAGNER
ETHIQUE ET DEBAT PUBLIC
Préface 1. Dans nos sociétés multiculturelles, un consensus à l’égard de questions éthiques ne peut être obtenu que par l’intermédiaire d’une exploration prudente, tâtonnante de ce que l’horizon normatif des groupes et personnes représentant des clivages culturels différents présente en commun. L’ère des tactiques démonstratives et des certitudes inébranlables est révolue. Seul un équilibrage – et rééquilibrage permanent – d’exigences partagées ou rivales, confrontées à des situations concrètes et à des problèmes complexes, peut conduire à des consensus fussent-ils minimaux ou fragiles. Si aucun consensus n’est possible, un débat ouvert et honnête pourra, et devrait, mener, pour le moins, au respect mutuel des positions et à la recherche de façons d’agir, adaptées aux situations concrètes, qui puissent être acceptées par tous. L’objet des comités d’éthique nationaux est de mener un tel débat. Afin, toutefois, que la discussion ne soit pas menée en cercle clos, afin qu’elle ait une portée sociétale, elle doit être prolongée par un débat public. Pour cette raison, la C.N.E. décida, comme d’autres comités nationaux, d’organiser chaque année une Journée Nationale d’Ethique. 2. Ce que nous venons de dire, très généralement, au sujet des problèmes éthiques est vrai, a fortiori, pour les problèmes de bioéthique. Un bon nombre de ces problèmes, générés par les progrès de la science, ne se posaient point il y a peu d’années. Les situations sur lesquelles ils portent sont infiniment complexes et présentent souvent des versants mal connus. Nos décisions peuvent avoir des conséquences que nous entrevoyons à peine, qui n’en peuvent pas moins avoir une incidence majeure sur le sort des générations futures. D’autres problèmes sont, en principe, aussi vieux que l’humanité.