« Liberté de penser » dictionnaire philosophique portatif
Dictionnaire philosophique portatif
Voltaire
En même temps qu’il augmente son Dictionnaire philosophique d’articles pamphlétaires, Voltaire lui prépare un complément plus radical, intitulé Questions sur l’Encyclopédie, et entreprend de refaire à lui seul l’Encyclopédie. Il fait publier de 1770 à 1772, neuf volumes de portée plus large que le Dictionnaire philosophique, car ils attaquent également le pouvoir royal, la justice, les lois, les finances, les impôts, les mœurs et les ennemis des philosophes. C’est donc la société dans son ensemble qui est mise en cause par la satire et la plume ironique de Voltaire. Voltaire introduit ainsi le complément de son Dictionnaire philosophique (la Raison par alphabet) :
Introduction aux Questions sur l’Encyclopédie par des amateurs (1770.)
Quelques gens de lettres, qui ont étudié l’Encyclopédie, ne proposent ici que des questions, et ne demandent que des éclaircissements; ils se déclarent douteurs et non docteurs. Ils doutent surtout de ce qu’ils avancent; ils respectent ce qu’ils doivent respecter; ils soumettent leur raison dans toutes les choses qui sont au-dessus de leur raison, et il y en a beaucoup.
L’Encyclopédie est un monument qui honore la France; aussi fut-elle persécutée dès qu’elle fut entreprise. Le discours préliminaire qui la précéda était un vestibule d’une ordonnance magnifique et sage, qui annonçait le palais des sciences; mais il avertissait la jalousie et l’ignorance de s’armer. On décria l’ouvrage avant qu’il parût; la basse littérature se déchaîna; on écrivit des libelles diffamatoires contre ceux dont le travail n’avait pas encore paru.
Mais à peine l’Encyclopédie a-t-elle été achevée que l’Europe en a reconnu l’utilité; il a fallu réimprimer en France et augmenter cet ouvrage immense qui est de vingt-deux volumes in-folio: on l’a contrefait en Italie; et des théologiens même ont embelli et fortifié les articles de théologie à la manière de leur pays: on le contrefait