Libre circulation de l’information et domination mondiale
Libre circulation de l’information et domination mondiale
L’une des principales pierres d’achoppement dans l’interminable préparation de la conférence sur la paix et la sécurité en Europe fut la question de la libre circulation de l’information, théorie selon laquelle nulle barrière ne devrait empêcher la propagation des nouvelles et des idées entre les nations. Cette doctrine, qui s’est imposée d’abord aux Etats-Unis, domine depuis un quart de siècle toute réflexion internationale sur les communications et les relations culturelles. Sa genèse et son extension ont pratiquement coïncidé avec la brève et tumultueuse période de l’hégémonie - désormais chancelante - des Etats-Unis dans le monde. « A posteriori », la coïncidence n’apparaît nullement fortuite : la politique du libre-échange des informations fut l’une des conditions préalables à l’expansion impérialiste. par Herbert I. Schiller, septembre 1975
Aperçu
Vers la fin de la seconde guerre mondiale, l’attention des plus hautes sphères dirigeantes aux Etats-Unis se concentrait déjà sur l’ère nouvelle qui allait commencer. Dès 1943, il était clair que les Etats-Unis sortiraient du conflit sans grands dommages physiques et en position dominante sur le plan économique.
Les partisans les plus explicites de ce qui semblait devoir être le siècle de l’Amérique triomphante évoquaient un monde débarrassé de ses chaînes coloniales et généralement accessible aux initiatives de l’entreprise privée. Celle-ci serait nécessairement dominée par les Etats-Unis : les avantages accumulés – ils étaient loin d’être tous liés à la guerre – permettraient inévitablement au business américain de prospérer et de s’étendre jusqu’aux limites les plus reculées du système capitaliste mondial.
La poussée mondiale des entreprises américaines était de nature économique, mais on se rendit très vite compte de l’utilité de la composante culturelle dans cette expansion. La rapide