Litterature
Une bonne partie de son œuvre s’inscrit dans la lignée de Villon et des poètes du Moyen Age. Une première passion amoureuse, pour la jeune gouvernante anglaise Annie Playden, lui inspire le grand poème « La Chanson du Mal- Aimé ». D’ailleurs, dans tous ses poèmes d’amour, ses confidences douloureuses de mal- aimé ne sont que murmurées par intervalles sort qu’on peut parler chez Apollinaire d’une pudeur de la confidence. Plus tard, son amitié amoureuse pour l’aquarelliste Marie Laurencien trouvera écho dans « Le Pont Mirabeau ». Ce poème, avec son vocabulaire simple, ses mots familiers et sa forme incantatoire, se rattache à toute une tradition qui va des vieilles chansons moyenâgeuses à Verlaine. Les amours du poète ne « coulent » que sous « Le Pont Mirabeau » qui acquiert ainsi une valeur mythique en tant que témoin de ses sentiments amoureux. Éternel « mal- aimé », Apollinaire a connu la mélancolie d’une solitude incomprise et aspiré à une impossible évasion. Apollinaire définit l’antitradition futuriste comme « ce moteur à toutes les tendances : impressionnisme, fauvisme, cubisme, expressionnisme, pathétisme, dramatisme, orphisme, paroxysme. ». Le modernisme d’Apollinaire consiste d’abord en un attachement frénétique à la vie moderne sous ses formes à la fois les plus banales et les plus spectaculaires. Il supprime la ponctuation, bouleverse la métrique et l’harmonie typographique, se libère de la logique commune, fondée moins sur les suggestions des sonorités que sur la puissance de l’imagine. Le grand poème « Zone », qui ouvre le recueil « Alcools », représente un véritable manifeste du modernisme. Le Tu, qui y alterne avec le Je, désigne le sujet énonciateur qui parte à soi- même. Cette poétique de l’harmonie dans le désordre est visible aussi dans l’architecture du poème, qui se présente comme une suite de tableaux se succédant avec rapidité et sans lien logique apparent. Le recueil « Alcools » avait frappé les