Littérature française
Poèmes épiques, confirmant le lieu commun selon lequel l'épopée serait la forme de manifestation la plus archaique de la littérature, les chansons de geste, dont le nom exprime aussi bien la thématique que la forme d'expression, sont d'amples productions narratives chantées qui traitent des hauts faits du passé - geste vient du latin res gestae qui veut dire faits accomplis, exploits. La plus ancienne de ces chansons - qui est aussi la plus célèbre - la Chanson de Roland, date très probablement de la dernière décennie du XIe siècle. Dans les premières années du XIIe siècle on peut situer la Chanson de Guillaume et le fragment de Gormont et Isembart. La plupart des chansons de geste datent du XIIe et du XIIIe siècle. Leur veine s'est épuisée au XIVe siècle, mais leur thématique subsiste dans des remaniements et mises en proses même au XVe siècle
Le caractère nettement formulaire du style épique, la forte structuration du récit, les motifs utilisés et sans cesse repris depuis la Chanson de Roland assurent aux chansons de geste une très forte cohésion formelle. Celle-ci tient tout d'abord á l'emploi d'unités sémantiques appelées laisses, équivalents approximatifs de la strophe, de longueur inégale, homophones, assonancées (l'assonance supposant l'identité á la fin du vers de la dernière voyelle accentuée), chaque laisse étant construite sur la même assonance. Le vers des plus anciennes chansons de geste est le décasyllabe «a minori», comportant une césure après la quatrième syllabe. Les formes plus tardives connaissent aussi le vers de douze syllabes de même que l'emploi de la rime. Le nom même de laisse, dérivé du verbe laissier (du latin laxare), donne, ainsi que le rappelle M. Zink (1992), une idée de ce que dut être l'esthétique du genre: un texte chanté - ou