A la différence du théâtre Shakespearien qui a toujours refusé la séparation des registres comique et tragique, le théâtre classique français, héritier de la théorie d'Aristote, sépare radicalement comédie et tragédie. Le théâtre de l'absurde va plus loin dans la remise en cause de cette frontière rigide entre deux sous-genres et deux registres généralement opposés, pour penser leur circularité : « Rien n'est plus drôle que le malheur » dit Nell à Nagg. Aussi, en quoi peut-on dire que Fin de partie est tout autant une pièce tragique que comique ? En quoi la pièce montre-t-elle l'imbrication du tragique et du comique ?

I-Le tragique

Dans Fin de Partie, comme dans toutes les pièces de Beckett, les personnages souffrent et font souffrir. En effet, tous sont handicapés ou estropiés et souffrent mais malgré ça ils se font souffrir entre eux : on remarque la tyrannie de Hamm sur Clov, son sadisme. Tous les personnages attendent quelque chose d’un autre, ils sont prisonniers les uns des autres: Hamm attend de Clov qu’il le serve et Clov attend de Hamm qu’il le libère. De plus Hamm fait aussi souffrir ses parents en les maltraitant, Nagg et Nell son rabaissés au rang d’animaux avec un fils dominateur et indifférent.
Les personnages sont gagnés par le froid, et sont impuissants à agir : « Tout s'est fait sans moi », dit Hamm. Ils semblent en proie à une fatalité qui les condamne à être là, ensemble, malgré le désir affiché d'être ailleurs, libérés de relations qui les entravent.
Fin de partie détruit la structure dramatique traditionnelle du théâtre. La vision d'un monde qui avance inéluctablement vers la mort est tragique. Les personnages sont gagnés par le froid, et sont impuissants à agir : « Tout s'est fait sans moi », dit Hamm. Ils semblent en proie à une fatalité qui les condamne à être là, ensemble, malgré le désir affiché d'être ailleurs, libérés de relations qui les entravent. Dans un décor apocalyptique, Hamm, un aveugle handicapé, et Clov, son serviteur