Liturgie de la mort dans tous les matins du monde
La musique a une dimension liturgique dans Tous les matins du monde puisqu’elle permet d’accompagner la mort, à des moments spécifiques du récit, par exemple, lorsque Sainte Colombe joue au chevet de son ami Vauquelin, mort. Elle est un moyen de faire ses adieux, et d’accepter la mort, puisque Marin Marais joue la Rêveuse avant le suicide de Madeleine. De plus, la musique est une façon de faire perdurer le souvenir du passé, et c’est d’ailleurs pour cette raison que Sainte Colombe joue et compose le Tombeau des Regrets, en hommage à sa femme défunte. Sa musique est un souvenir. La liturgie de la mort dans Tous les matins du monde est en fait majoritairement rapprochée à la musique, puisque la musique et la mort constituent un lien constant dans le récit. La musique dans le monde réel de Sainte Colombe est tournée vers la mort, lorsqu’il joue, il joue la mort, il se recueille. La musique entretient donc un rôle majeur dans la liturgie de la mort, elle constitue le rite extrême. La musique est également liturgique dans le sens où elle permet d’invoquer la mort. Bien sûr, l’apparition de Madame de Sainte Colombe à son mari n’aboutit jamais sur un contact physique, mais elle constitue les mêmes procédés, les mêmes offrandes qu’une prière pour communiquer avec les morts. Elle demande d’abord de la souffrance mais aussi de la tristesse. La musique permet le recueillement. Elle serait en fait l’égal de la prière sans les mots, elle exprimerait bien plus que les mots le désir de s’approcher de la mort. La musique liée à la mort dans Tous les matins du monde est en fait