Lorenzaccio : Quelle vision des relations humaines l’œuvre donne t-elle ?
« Quelle vision des relations humaines l’œuvre donne t-elle ? »
Écrite par Alfred de Musset en 1833 et publiée un an plus tard pour une lecture « dans un fauteuil », la pièce Lorenzaccio, qui porte le nom d'un noble florentin, futur assassin du duc de Florence, innove par la richesse de ses personnages et la peinture qui y est faite de l'Homme, sous ses multiples masques. Quelle vision des relations humaines l’œuvre donne t-elle ? Nous répondrons à cette question en étudiant dans une première partie les relations entre les personnages dans la sphère publique, à travers la figure de Florence et la tyrannie qui y règne. Nous mettrons en valeur la prédominance de la notion de pouvoir, et ses différentes expressions. Dans une deuxième partie, nous verrons comment l'attrait du pouvoir influence le comportement des personnages et la façon dont ils traitent leurs semblables, et se traitent eux-mêmes. Enfin nous évoquerons des aspects des rapports humains plus moraux, à travers l'amour filial notamment, et la place qui leur est laissée dans l’œuvre, en concluant sur le rôle symbolique de Lorenzo.
Si les indications de lieux changent constamment à chaque scène, Florence reste le cadre de l'action d'un bout à l'autre de la pièce. Tout à la fois siège des tensions et objet des rivalités, son rôle est majeur. Elle est couramment désignée selon les personnages par les expressions : « ma mère » (pour l'artiste Tebaldeo), « une catin » (pour Lorenzo), une « mère stérile » ou une « bâtarde » (pour les bannis). On peut voir Philippe s'adresser à elle dans une apostrophe à la scène 5 de l'acte II. Elle prend ainsi figure humaine en étant véritablement personnifiée. Il est intéressant de constater que les personnages ont une relation complexe avec leur ville, vantant sa grandeur passée tout en déplorant sa dépravation actuelle. La figure de Florence, c'est le miroir d'une société en crise, et les insultes qui lui sont adressées