Lyrisme
Est-il quelque ennemi qu’à présent je ne dompte ?
Paraissez Navarrois, Maures et Castillans,
Et tout ce que l’Espagne a nourri de vaillants ;
Unissez-vous ensemble et faites une armée ;
Pour combattre une main de la sorte animée, etc.
Un recul lyrique plus touchant, dans la plus dramatique des situations, est celui du vieil Horace comparant la mort de deux de ses enfants à la fuite honteuse imputée au troisième :
Tout beau ne les pleurez pas tous.
Deux jouissent d’un sort dont leur père est jaloux.
Que des plus nobles fleurs leurs tombes soient couvertes !
La gloire de leur mort m’a payé de leur perte, etc.
Par le même auteur et dans le même chef-d’œuvre, les imprécations de Camille sont un exemple du plus vif accès lyrique que puisse admettre la scène.
Racine n’a pas manié avec moins de bonheur l’élément lyrique au théâtre. Il lui a trouvé dans Athalie l’emploi le plus naturel qui puisse en être fait, non les chœurs, accessoire lyrique que comportent tant de sujets, mais de la prédiction de Joad, qui donne en spectacle l’inspiration lyrique dans sa réalité même, avec ses rythmes libres et variés et les accords de la musique pour la soutenir. Racine ne s’est pas fait faute de se livrer à la veine lyrique dans des sujets dramatiques qui lui semblaient moins favorables. Phèdre, en particulier, offre d’admirables explosions de sentiments personnels, qui semblent suspendre l’action dramatique pour nous faire pénétrer jusqu’au fond de l’âme de celle qui en est l’héroïne ou plutôt la victime. La grande scène de la confidence à Ænone est tout en mouvements lyriques :
Phèdre et Hippolyte, sujet ayant inspiré le lyrisme de RacineQue ces vains