La guerre qui éclate en 1914 surprend Lénine, qui la jugeait peu probable mais qui la souhaitait, s'appuyant sur les précédents des guerres franco-prussienne et russo-japonaise qui avaient débouché sur la Commune de Paris et la révolution de 1905 en Russie. Le 7 août, Lénine est arrêté pour espionnage – il se trouvait en effet en territoire autrichien – mais est libéré peu après et part aussitôt pour la Suisse. La faillite de la IIe Internationale, dont tous les chefs avaient voté les crédits de guerre et s'engageaient dans des politiques d'union sacrée, lui semble irréversible. Dès lors, le travail de Lénine va consister à faire émerger l'idée du défaitisme révolutionnaire.En février 1915, il définit la position du parti bolchevique : « La défaite de l'armée gouvernementale affaiblit ledit gouvernement, contribue à l'affranchissement des peuples opprimés par lui et facilite la guerre civile contre les classes dirigeantes. C'est particulièrement vrai en ce qui concerne la Russie. » De nouveau, Lénine utilise sa plume pour faire circuler les thèses bolcheviques ; Kroupskaïa, Inès Armand et la femme de Zinoviev tentent alors, sans succès, d'amener la conférence internationale des femmes sur les positions de Lénine.Après les hécatombes de l'été 1915, certains dirigeants s'approchent des idées du défaitisme – Trotski, alors à Paris – ou les embrassent – Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, en Allemagne. Lors de la conférence socialiste de Zimmerwald, Lénine peut grouper autour de lui Karl Radek et des délégués allemands et scandinaves. Mais son propre texte, jugé trop tranché, fut remplacé par celui de Radek pour représenter la position de la « gauche zimmerwaldienne », minoritaire face à la majorité plus modérée groupée autour de l'Allemand Ledebour, et au centre, avec Trotski. Les débats furent extrêmement houleux, et Lénine n'atteignit pas son but de faire condamner la IIe Internationale. En revanche, il signa le manifeste qui marquait, selon lui, « un pas en avant