Madame du chatelet, femme des lumières
Une femme de science
Aucune femme n’aura pour veiller sur sa gloire, un admirateur aussi prestigieux que Voltaire. Il est vrai que c’est grâce à sa relation amoureuse avec le grand écrivain que Madame Du Châtelet est restée dans les esprits. Mais elle mérite bien plus qu’une place de simple maîtresse de grand homme. Animée par une exigence impérieuse de comprendre le monde et d’être utile à ses contemporains, elle fut une élève précoce, d’une intelligence vive, douée pour la philosophie comme pour les sciences. Elle travailla beaucoup et s’initia à l’univers scientifique en prenant des leçons avec les esprits les plus éclairés. Émilie lira tout ce qui compte d’important en physique et sera une grande adepte de Newton. Il est vrai qu’elle n’inventa pas de théorème et que son intention était de rendre accessible au plus grand nombre les travaux scientifiques qu’elle considérait comme majeurs. Elle participera aux grands débats en essayant de se placer au-dessus des querelles, même si les revirements philosophiques que connut sa pensée eurent parfois le don d’agacer Voltaire. Femme passionnée par l’amour, la vie et l’étude, mais longtemps décriée par ses contemporains, elle chercha dans tous ses ouvrages à incorporer les travaux de ses aînés afin d’aider un large public à saisir les subtilités et les difficultés des textes scientifiques. Une vraie femme témoin de son temps, active et curieuse, une vraie femme des Lumières, la seule peut-être qui incarne, en France, le cœur, l’œil et l’esprit de son siècle.
Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet École française du xviiie siècle, Choisel, château de Breteuil © Henri-François de Breteuil / cliché Philippe Sébert
Jamais une femme ne fut si savante qu’elle, et jamais personne ne mérita moins qu’on dît d’elle : c’est une femme savante. Elle ne parlait jamais de science qu’à ceux avec qui elle croyait pouvoir s’instruire, et jamais n’en parla pour se