Mana1
Prévert montre que l'enfant pourchassé n'a aucune chance d'échapper à ses poursuivants en rappelant la circularité de l'île par l'adverbe « autour » (v 3) et en bouclant son poème, les deux derniers vers renvoyant aux vers 2 et 3. Ce vase clos symbolise l'enfermement et l'impossibilité pour l'enfant de trouver une issue, une échappatoire. Belle-Ile-en-Mer nous apparaît donc être un piège où l'enfant est chassé comme un vulgaire gibier par une meute d'adultes à l'affût. Le narrateur dénonce ce rapport de forces inégal qui rend le combat perdu d'avance et par son engagement, va, lui seul, rester humain. L'affolement du fugitif sur cette île comme une bête aux abois nous est rendu sensible par la musicalité du poème. Ainsi, l'allitération en « s » des vers 8,9,11,13,20,21,25 et 28 peut rappeler le sifflet du gendarme et les nombreuses rimes en « en », évoquer le « pan » des coups de fusil, terminaison du mot « chenapan » du premier vers répété six fois ensuite.
L'enfant est ainsi une « bête traquée » (v 14) par une foule qui « tire sur lui à coups de fusil » (v 26) sans « permis » (v 21) et qui ne veut pas être « bredouille(s) » (v 29). Cette métaphore n'a pas été choisie au hasard, elle permet en effet de caractériser les protagonistes : d'un côté, une meute de bourreaux et de l'autre, une victime innocente. Les « honnêtes gens » (v 7) sont en fait des chiens et l'enfant, une bête traquée. Leur animalisation nous plonge dans un milieu d'une extrême sauvagerie dont l'image est renforcée par le champ lexical de la violence avec des termes tels que « coups » (v 10), « brisé » (v 10) et « rage » (v 29).
L'injustice est soulignée par un jeu d'antithèses. Les adultes violents s'opposent à l'enfant inoffensif. La maison de redressement doit être un lieu d'élévation et