Management interculturelle
Écrit par Christophe Dejours Jeudi, 20 Juillet 2000 01:00 - Mis à jour Vendredi, 20 Juillet 2007 19:42
Pour Christophe Dejours, les nouvelles conditions de travail générées par le libéralisme sont à l'origine d'une souffrance spécifique. Si la situation du travail n'est pas source de pathologie mentale particulière, pour rester normal, c'est-à-dire ne pas tomber malade ou devenir fou, les individus doivent développer des stratégies individuelles et collectives complexes.
Critique Communiste - Vous expliquez que, du point de vue de l'histoire des disciplines, il y a eu un change-ment important : vous été passé de la psychopathologie du travail re-cherche sur les maladies mentales induites par le travail - à la psycho-dynamique du travail qui, elle, pose la question de savoir comment font la plupart des hommes et des femmes qui travaillent pour ne pas devenir malades. La recherche s'est donc déplacée des maladies mentales vers les défenses que déploient les gens-pour ne pas de-venir fous. Dans votre livre, « Souffrance en France », vous dites qu'il n'est pas facile de rester normal, qu'il faut une intention de rester normal, la norma-lité est une conquête. Comment définissez-vous la normalité ?
Christophe Dejours - En effet, l'énigme c'est la normalité... Cela suppose évidemment de donner une définition de la normalité ; la première approche consiste à séparer normalité et santé. La santé est un idéal, non un état. Les études sur la santé montrent que les gens ne sont pas en bon-ne santé, ils arrivent à maintenir un état intermédiaire, un compromis acceptable. Le mot acceptable est important. Un état est considéré comme normal, acceptable, à un moment donné, par référence à un contexte social et historique ; il s'agit de compromis passés en fonction des contraintes sociales ou des possibilités. On considère comme normal de posséder telles conditions d'hygiène, cela fait partie de la santé, mais ce