Manifeste du surrealisme et surrealisme
Tant va la croyance à la vie, à ce que la vie a de plus précaire, la vie réelle s’entend, qu’à la fin cette croyance se perd. L’homme, ce rêveur définitif, de jour en jour plus mécontent de son sort, fait avec peine le tour des objets dont il a été amené à faire usage, et que lui a livrés sa nonchalance, ou son effort, son effort presque toujours, car il a consenti à travailler, tout …afficher plus de contenu…
Toujours est-il qu’une flèche 9 indique maintenant la direction de ces pays et que l’atteinte du but véritable ne dépend plus que de l’endurance du voyageur.
On connaît, à peu de chose près, le chemin suivi. J’ai pris soin de raconter, au cours d’une étude sur le cas de Robert Desnos, intitulée:
ENTRÉE DES MÉDIUMS,6 que j’avais été amené à « fixer mon attention sur des phrases plus ou moins partielles qui, en pleine solitude, à l’approche du sommeil, deviennent perceptibles pour l’esprit sans qu’il soit possible de leur découvrir une détermination préalable ». Je venais alors de tenter l’aventure poétique avec le minimum de chances, c’est-à-dire que mes aspirations étaient les mêmes qu’aujourd’hui, mais que j’avais foi en la lenteur d’élaboration …afficher plus de contenu…
Il faisait encore nuit. Mes yeux étaient ouverts depuis longtemps, quand j’entendis la pendule de l’appartement au-dessous sonner cinq heures. Je voulus me rendormir, mais je n’y parvins pas, j’étais complètement éveillé et mille choses me trottaient en tête. / Tout d’un coup, il me vint quelques bons morceaux, très propres à être utilisés dans une esquisse, dans un feuilleton ; je trouvai subitement, par hasard, de très belles phrases, des phrases comme je n’en avais jamais écrit. Je me le répétai lentement, mot pour mot, elles étaient excellentes. Et il en venait toujours. Je me levai, je pris du papier et un crayon sur la table qui était derrière mon lit. C’était comme si une veine se fût