marché de l'art
Article écrit par Yves MICHAUD, Raymonde MOULIN
Prise de vue
Le mot « contemporain » revêt deux sens. De manière courante, il signifie « ce qui est de notre temps », sans autre valeur que celle de la coexistence avec le présent : le monde contemporain est, par définition, celui où nous vivons. Avec une valeur polémique visant à marquer une différence non seulement chronologique mais aussi de forme et de nature, le « contemporain » véhicule par ailleurs l'idée d'une acuité et d'une pertinence particulières par opposition à ce qui est banal ou, pire, dépassé. En ce sens polémique, la notion d'art contemporain remonte aux années 1980. Elle s'applique plus particulièrement aux arts visuels, à la musique et aux domaines où certaines formes semblent avoir une actualité remarquable.
I- Apparition d'une notion
Il est difficile de dater précisément l'apparition de l'expression. Si elle se diffuse à partir des années 1980 aussi bien au niveau des publications que des institutions consacrées à l'art contemporain (l'ouverture à Los
Angeles du L.A. Temporary Contemporary Museum date de 1983), les changements dans les arts visuels au cours des années 1960 amorcent une crise du « moderne » par rapport à laquelle va se définir le contemporain. Durant ces années 1960 apparaissent le pop art et le nouveau réalisme qui font entrer dans l'art les objets et les images de la vie quotidienne. D'autres mouvements, comme l'art cinétique, cherchent à esthétiser la vie quotidienne en produisant des « multiples » ou de l'art urbain. Surtout, au tournant des années 1960-1970, apparaissent des productions artistiques, minimalistes, conceptuelles, corporelles qui, tout en se réclamant des pratiques d'avant-gardes, bousculent ou remettent en cause les catégories modernes, notamment la distinction encore solide entre peinture et sculpture, la notion d'œuvre elle-même et celle d'artiste. Quand l'Américain Robert Morris réalise en 1961 une boîte contenant